Le sexisme, c’est quoi ?
C’est montrer de l’hostilité envers une personne en raison de son sexe, faire des commentaires désobligeants, proférer des menaces ou autres comportements fondés sur le genre de la personne. Ca désigne aussi toutes les autres formes de discriminations plus discrètes basées sur le sexe des individus.
Et le sexisme il est bien présent en teuf ! Qui n’a jamais entendu des réflexions genre « une fille ne sait pas bien conduire un PL», « le son c’est un truc de mec »…. Des remarques sur le style ou le comportement d’une fille sur dance floor genre « Mates la technopouf » et sur internet, c’est encore pire…
Un constat simple à faire : les sound systems sont principalement composés de mecs alors qu’il y a presque parité sur les dance-floor. On voit très peu de femmes sur les domaines techniques et dans les réunions d’organisation ou tout se prépare.
La création musicale aussi est très majoritairement masculine, même dans la musique électronique. Les femmes sont moins encouragées à se lancer et à utiliser des machines, qui sont socialement définies dès la petite enfance comme « réservées » aux garçons. Seul 7% des utilisateurs d’Ableton sont des utilisatrices, et on voit toujours trop peu de femmes sur les line up. Quand des filles mixent ou « livent », il n’est pas rare qu’elles soient jugées sur leur physique plus que sur leur musique et d’entendre des remarques du style « pas mal pour une fille ».
Si le pourquoi est intéressant, ce qui nous motive ici c’est surtout comment on peut changer ça ?
Comment agir contre le sexisme ?
Dans un son : Faites le compte des hommes et des femmes dans votre équipe et regardez ce que vous pouvez faire pour changer ça. Il faut déconstruire les a priori : une femme n’est pas moins légitime qu’un mec pour s’occuper de la partie logistique et technique. Elles ne sont pas abonnées à la déco ou au bar ! Certaines ont envie de se former sur ces domaines sans oser le dire alors soyez proactifs-ves et audacieux-ses : exprimez-vous, faites éclore les talents. Regardez autour dans votre entourage, parlez-en et vous trouverez des énergies insoupçonnées !
Aux platines ou en live : Là encore, bougez-vous, allez chercher les femmes, proposez leur de s’y mettre et faites-leur de la place sur vos line up. Il suffit parfois de pas grand-chose pour lancer quelqu’un. Les free sont un terrain d’expérimentation alors quoi de mieux qu’un petit calage pour un premier mix en public ? Il ne s’agit pas de rester passif à déplorer la situation mais de se prendre en main pour que ça bouge.
Sur le dance-floor : On n’est pas épargné par les comportements sexistes et on a tous entendu des commentaires sur une tenue ou une façon de danser. Les blagues sexistes et les propos dégradants, même avec une bonne dose d’autodérision, ça finit par être lourd. Posez-vous la question à la prochaine réunion : est-ce que vous constatez souvent des attitudes sexistes envers les femmes ? Si oui, il est temps de communiquer sur sujet. Utilisez le site ou la page Facebook de votre son si vous en avez, pour partager des campagnes de sensibilisation et des messages. Laissez des tracts de sur le bar ou aux tables de RDR et surtout, ouvrez-la quand vous entendez quelque chose d’inadmissible, même dans la bouche de vos potes.
LE HARCELEMENT SEXUEL
Le harcèlement sexuel se caractérise par le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant ou qui créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.
Les situations d’harcèlement sont nombreuses dans la société mais aussi parfois en teuf, pourtant c’est un endroit où l’on prône le respect de l’autre.
Agir contre le harcèlement
C’est important d’aborder ces sujets, d’en parler, d’éveiller les consciences et de sensibiliser le public et votre équipe à la question. Plusieurs types d’actions peuvent être mis en place, comme mettre le sujet à l’ordre du jour dans les réunions, proposer des flyers d’information, faire des affiches de sensibilisation.
Sur le dance-floor, sur le parking ou à l’arrière des camions, c’est à chacun d’être vigilant. Posez-vous la question si des faits de harcèlement sont signalés ou si vous en avez déjà observé dans vos soirées. Réfléchissez à comment en parler et réagir pour que les soirées soient plus safe pour tout le monde.
Encouragez les victimes à prendre la parole, et soyez à l’écoute, sans jugement. Vous pouvez aussi les diriger vers les acteurs de la RDR qui pourront les recevoir et les orienter.
Si des potes ont des propos ou des attitudes qui relèvent du harcèlement, n’hésitez pas à leur en parler, quitte à le faire a plusieurs ou en réunion pour éviter les retours désagréables.
VIOLS ET AGRESSIONS SEXUELLES
Une agression sexuelle c’est un acte à caractère sexuel forcé ou non consenti envers une personne. Par exemple une main aux fesses ou un contact forcé rentrent dans cette définition. Pas besoin qu’il y ait pénétration pour parler d’agression et de tentative de viol. Le viol lui comporte une pénétration et concerne majoritairement les femmes mais des hommes en sont victimes aussi.
Dans un contexte festif, certains oublient l’importance du respect de la volonté de l’autre et se permettent des comportements inacceptables, quels qu’en soit la forme.
Prévenir les risques
Certaines zones comme les parkings, les chemins dans les bois ou les toilettes peuvent être des lieux dangereux ou à minima anxiogènes. Eclairez ces zones avec des projecteurs halogènes, c’est simple et pas cher. Organisez des maraudes sur site et si vous voyez une personne en difficulté, n’hésitez pas à intervenir. Parfois un simple « bonjour, tout va bien ? » suffit à recadrer l’agresseur et casser le sentiment d’impunité qui se peut se dégager d’une fête libre. La solidarité et la vigilance valent tous les services de sécurité.
Si des participants ont des conduites agressives envers des femmes, allez les voir et faites leur comprendre tranquillement qu’ils ne sont pas les bienvenus et qu’ils feraient mieux de rentrer chez eux.
Diffusez des campagnes d’information si vous en avez sous la main et surtout, créez un espace de confiance ou les victimes n’hésiteront pas à venir se confier à vous si quelque chose de grave se passe.
Que faire si un viol ou une agression sexuelle se passe dans votre teuf ?
D’abord Aider et soutenir les victimes : Face à une agression sexuelle, votre rôle premier rôle d’orga est d’aider la victime et de la soutenir. Les associations de réduction des risques sont aussi là pour les accueillir mais à vous de réagir en premier ! Soyez présents et rassurants.
Récupérez le maximum d’informations possibles sur l’agresseur (photo, nom, plaque d’immatriculation…) mais sans vous mettre en danger. Dans ces situations il ne faut pas réagir par la violence. Un passage à tabac ou même une attaque physique sur l’agresseur ne servirait à rien d’autre qu’à compliquer la situation ou à vous envoyer en prison. Par contre, ne pas hésiter à appeler la police ou les gendarmes si la situation dégénère.
Proposez à la victime de porter plainte et accompagnez la si besoin. Le viol est un crime puni de 15 ans de prison. C’est l’une des plus graves atteintes à une personne mais aussi l’une des moins souvent punies. A vous d’accompagner au maximum la personne pour que son témoignage soit bien pris en compte par les forces de l’ordre et qu’on ne lui réponde pas qu’elle n’avait qu’a pas aller en teuf.
LA QUESTION DU CONSENTEMENT
Difficile de parler de viol ou d’agression sexuelle sans parler de la question du consentement. Mais le consentement c’est quoi ? C’est une communication permanente, verbale et non verbale qui implique de se connaitre soi-même et d’être à l’écoute de l’autre. C’est à chacun de se mettre ses propres limites. Le respect du consentement passe aussi par ne pas essayer de l’influencer.
Dans la vie de tous les jours c’est simple : c’est blanc ou noir, c’est soit oui soit non. En soirée ça se complique un peu : le contexte de la fête, les produits consommés changent notre perception des choses et tout est moins clair, c’est la « zone grise ». A ce moment-là on peut être amené à prendre des décisions ou à faire des choses que l’on n’aurait pas faites d’habitude. Il faut toujours s’assurer du bon consentement de votre partenaire. N’hésitez pas à le lui demander clairement mais aussi à comprendre que quelqu’un peut donner l’impression de dire oui alors qu’il est sous influence d’un produit et qu’il ne sait plus trop ce qu’il fait. Dans ces cas-là, il vaut mieux garder pour le lendemain un moment formidable que de tout gâcher sur un malentendu.
Dans tous les cas, si vous avez accepté quelque chose que vous regrettez alors que vous n’étiez pas en état, ne culpabilisez pas. Si vous êtes victimes d’une agression sexuelle, ce n’est pas parce que votre agresseur vous a payé un verre ou une trace que vous n’avez pas le droit de porter plainte ! Un viol reste un viol, quelles que soient les circonstances !